Les dernières échéances électorales ont été marquées par un renouvellement important au sein de nos institutions. Pourtant, elles laissent à beaucoup de Français le sentiment amer d’un rendez-vous manqué : alors que nous traversons une crise profonde et globale, les choix essentiels de l’année 2017 ont été suscités, non par un débat de fond, mais par le contexte des affaires et le rejet des vieux partis.
Il est vrai que les clivages partisans hérités des problèmes du siècle dernier ont laissé beaucoup d’entre nous étrangers à la politique : nous ne nous reconnaissions pas dans des oppositions devenues artificielles, qui correspondent si peu aux vrais enjeux de demain.
Pour autant, nous croyons toujours à la démocratie, qui suppose le pluralisme. Et nous savons que les choix politiques ne se réduisent pas à des processus gestionnaires : nous ne pensons pas que notre responsabilité de citoyens puisse se dissoudre dans l’abandon à un parti unique.
Et de fait, malgré le peu de recul que nous avons sur sa pratique du pouvoir, une certitude s’impose déjà : parce qu’elle poursuit sur la voie de la société liquide qui a causé en profondeur la crise que nous traversons, notre vie politique actuelle ne peut répondre durablement aux aspirations d’un très grand nombre de Français, et de jeunes en particulier.
Malgré bien des ambiguïtés et des contradictions, qui ont contribué à rendre flous les vrais enjeux de ce scrutin, nous connaissons désormais le projet d’Emmanuel Macron. La vision individualiste qui le fonde ne pourra qu’accélérer encore la fragmentation de notre société : la révision précipitée du code du travail, qui se substitue à des réformes plus structurelles ; les hésitations lourdes de sens sur la priorité à donner à la défense nationale ; l’évitement du sujet crucial de la montée en puissance d’un islam fondamentaliste sur notre sol ; la dissolution des nations dans un grand tout européen dont les fondamentaux ne sont pas revisités, et l’abandon de notre souveraineté démocratique ; le délaissement des territoires et des acteurs locaux pour une vision centralisatrice, et concentrée sur les aires urbaines ultra-connectées ; l’absence de vigilance écologique face aux déséquilibres causés par les mutations technologiques ; le démantèlement accéléré de la politique familiale…
Nous ne partageons pas ces orientations. Nous n’ignorons pas l’extrême complexité de la situation dans laquelle se trouve la France : mais elle ne pourra se réformer qu’à la condition de rompre avec la facile ambigüité d’un illusoire « en même temps ». Pour sauver notre avenir commun, l’essentiel n’est pas d’être en marche, mais de savoir où aller.
Notre responsabilité est donc de travailler aujourd’hui pour reconstruire dans la durée une alternative cohérente, imaginative, concrète, qui soit à la hauteur des enjeux et qui puisse rassembler largement. Cette alternative est encore à construire, et chacun d’entre nous doit s’engager pour la faire naître, en partant de convictions essentielles et partagées.
Nous ne pensons pas que la politique réussit lorsqu’elle a pour seul horizon l’émancipation de l’individu, mais lorsqu’elle nous permet de redécouvrir ce que nous avons en commun et de le servir ensemble à travers une solidarité active et concrète envers les plus vulnérables d’entre nous.
Nous croyons que la politique doit d’abord servir ce lien qu’est notre culture commune, qui permet à chacun de trouver sa place au cœur d’une société politique qui est plus qu’une addition de communautés, une juxtaposition d’individus ou un grand marché mais le cadre concret de la transmission entre les individus et entre les générations.
Nous croyons à la mission régalienne de l’Etat, qui est de servir la liberté des citoyens, par la garantie d’un droit clair et stable, d’une sécurité effective, et d’un cadre démocratique qui impose de résister aux dérives technocratiques comme à toute forme d’abdication de notre souveraineté.
Nous croyons que la loi doit s’attacher à sauver, par une écologie cohérente et inventive, la possibilité d’une vie humaine pour les générations qui viennent, en encadrant de manière volontaire et efficace les potentialités nouvelles offertes par la science et par la technique, et les mettre au service d’un développement authentique.
Nous croyons enfin que la France, en puisant dans son histoire, sa culture, son savoir, en comptant sur le courage, la force et la liberté d’esprit du peuple français, en mobilisant les liens d’amitié qu’elle entretient dans le monde entier, doit retrouver son héritage et reprendre vraiment sa place sur la scène internationale.
Les vrais débats de demain ne sont pas ceux qui animaient la France à l’ombre du mur de Berlin. La crise que nous vivons impose une sagesse et des réponses renouvelées, un dialogue démocratique repensé. Elle impose d’abord et surtout à chacun d’entre nous de retrouver le sens même de l’activité politique, qui consiste non à faire triompher un camp contre un autre, mais à mettre avec simplicité nos idées et nos énergies au service de notre pays.
C’est cela que nous voulons proposer à tous ceux qui nous rejoindront.
Le mouvement que nous voulons créer ne ressemble pas aux structures existantes, et n’a pas pour but de les concurrencer. Il veut préparer une alternative entièrement nouvelle qui puisse de nouveau susciter une espérance, et rassembler autour de cette tâche des Français de tous horizons, de toutes les générations, qui se sentent aujourd’hui si loin de la politique. En repartant du terrain, du concret et de l’action ; en confrontant des idées neuves aux expériences locales ; en permettant à chacun d’apporter sa réflexion ; en suscitant partout, et surtout dans les lieux les plus délaissés par la décision publique, un nouvel élan pour dialoguer, pour s’informer et pour réfléchir ensemble, nous voulons humblement, mais efficacement, servir cette refondation dont nous avons tant besoin.
Servir : c’est par là, nous en sommes convaincus, que nous pourrons nous retrouver, quels que soient nos engagements d’hier et d’aujourd’hui, pour apporter une réponse commune au risque de dissolution politique auquel l’effritement qui se poursuit nous paraît malheureusement conduire.
Si vous partagez la même aspiration profonde, venez servir avec nous ce projet !